RÉPONSE à la TRIBUNE LIBÉRATION du 18 mars : « LES VÉGANS ONT TOUT FAUX »

Comme beaucoup aujourd’hui, j’ai lu un article issu de la tribune de Libération, paru hier soir le 18 mars 2018. Nous vivons dans un monde encore empli d’agressivité et de peurs, et cet article illustre parfaitement ce phénomène. C’est une bonne nouvelle, finalement : les « fins » gastronomes nostalgiques, effrayés par le changement, ou bien les représentants de l’INRA ou des lobbies de la viande deviennent de plus en plus inquiets. Alors il faut trouver des arguments. Quitte à ce que ceux-ci partent dans tous les sens.
Le titre, tout d’abord : « Pourquoi les végans ont tout faux » ! Voici un point de vue agressif et sans mesure. Un parti-pris que nous retrouvons tout au long de cet article mal documenté, mensonger, voire malhonnête. Le mépris de ses auteurs à l’égard des acteurs du « véganisme », et la médiocrité des arguments n’est pas digne d’un journal comme Libération. Aussi, j’aimerais formuler une simple réponse à ces attaques, qui, soit-dit en passant, sont un excellent signe : la cause des animaux avance, ainsi que celle de l’écologie et de l’humanité.
Tout d’abord, il est incroyable que jamais l’amour, la compassion et la paix ne soient évoqués dans cette tribune. Pourtant, beaucoup de défenseurs des animaux sont des défenseurs de l’humanité, et agissent avant tout par amour et compassion pour TOUS les êtres vivants, en désirant un monde de paix et d’harmonie …certainement pas un monde coupé de la nature et des animaux ! Pourtant, cet argument n’est jamais évoqué. On ne voit ici que des arguments froids, parfois injurieux. Pas question, ici, de parler de bienveillance pour les animaux. Le cœur ? La hauteur ? Aucune trace. C’est étonnant, pourtant, quand on sait que l’altruisme et la bienveillance sont les moteurs principaux de ce courant que l’on appelle « véganisme » ou « antispécisme »… À croire que lorsqu’on est sérieux et que l’on écrit dans un journal, il ne faut plus parler ni d’amour ni de tendresse, mais seulement de choses « rationnelles » et « sérieuses », telles que la santé, l’économie, les paysages, l’environnement et les statistiques…
Eh bien, puisqu’il faut aussi parler de choses « sérieuses », parlons-en également !

Penser à la place des « végans » et faire des généralités

À en croire cet article, les « végans » sont une espèce de secte folle et homogène, citadine et coupée de la nature, nous faisant courir le risque de nous isoler dans le bitume… Étonnant, quand on sait que les auteurs de cette tribune sont sociologue, politologue ou journaliste… Tomber dans cet écueil est un signe de fébrilité et de mauvaise foi. Les personnes qui défendent les animaux et qui ont décidé d’arrêter de les manger, sont représentatifs de l’ensemble de la société : des citadins, des ruraux, des gens qui aiment les animaux au point d’en héberger (parfois beaucoup) à la maison, d’autres qui ne les apprécient pas plus que ça. Il y a des gens proches de la nature, d’autre non. Il y a des gens de droite, de gauche, des apolitiques, des croyants, des athées, et même des paysans ! Homogénéiser un groupe de citoyens qui dérange parce qu’il défend les animaux et la nature, c’est une façon – peut-être inconsciente – de mettre son « adversaire » dans une case, lui coller une étiquette sur le dos, afin de le décrédibiliser et pousser le reste de la population à s’en éloigner… par peur de se faire étiqueter à son tour, en étant assimilé à quelque chose de ridicule et de sectaire. Mais non, messieurs et madame les auteur-es de cette tribune, les « végans » ou les « végétariens » ne pensent pas tous de la même façon. Ce n’est pas parce que nous pensons qu’il faut arrêter de tuer ces pauvres êtres sans défense, donc arrêter de les manger (parce qu’ils ont envie de vivre comme nous), que nous appartenons à une case commune ! Il y a parmi nous autant de différences que parmi les gens qui mangent de la viande…et c’est tant mieux ! Il y a des gens au caractère doux, d’autres au caractère violent. Il y a des personnes proches de la nature et des animaux (qui ont même des refuges pour animaux abandonnés), et d’autres vivant dans les villes, sans lien particulier avec la terre.
Car à l’inverse, nous pourrions croire, en lisant cette tribune si partiale, que les mangeurs de viande sont plus proches de la nature et des animaux que les autres. Ce qui nous amène à un non-sens… Quel argument, quand on sait que la viande que nous mangeons est très souvent présentée sous forme de hot-dogs, hamburgers et nuggets, proposés aux enfants ultra-citadins, vivant sans arbres et sans terre, sans jamais croiser la queue d’un animal ! C’est bel et bien la réalité de notre consommation carnée…
Beaucoup de « vegans » (pas tous!) ont des animaux de compagnie car, par compassion, ils les accueillent à la maison quand ils sont abandonnés. Beaucoup de « vegans » rêvent d’un monde en « harmonie » avec la nature et non pas en « rupture » avec elle ! Quel détournement irrespectueux à l’égard de ceux qui veulent protéger les animaux et la planète ! Respecter la nature, c’est avant tout l’observer et observer les « animaux ». Or les animaux « non-humains », ceux que nous mangeons et avons génétiquement modifiés pour cela, ont autant envie de vivre que nous. Pourquoi ne pas évoquer cette question centrale ? L’éthologie et les neurosciences nous apportent pourtant des preuves irréfutables : il n’est pas question de sentimentalisme ici. Les mammifères et les oiseaux que nous mangeons, comme beaucoup d’autres espèces, possèdent les substrats neurologiques de la conscience (rappelons le manifeste relatif à « la conscience des animaux non-humains », signé en juin 2012 à l’Université de Cambridge, par d’éminents scientifiques, dont Stephen Hawking). Autrement dit, ceux que nous appelons les « animaux de rente » ressentent des émotions, des joies, de la tristesse (connaissant parfois la dépression et le désespoir), et nous montrent toujours une réelle envie de vivre. Or, ne pas évoquer l’altruisme et la compassion des « végans » à l’égard de TOUS les êtres vivants sensibles, méprisés, réduits à l’état d’aliments, est un oubli aberrant dans cette tribune, prouvant qu’il y a parti-pris et malhonnêteté dans l’approche de ses auteur-es.
Au-delà de la question du « bien » et du « mal » – qui est tellement ridicule, évoquée ainsi – nous parlons de CŒUR. Pourquoi ne pourrait-on pas parler de cœur ? Pourquoi serait-ce moins important que le reste ? Rappelons qu’une vache (bio ou non), à qui l’on arrache son veau 4 ou 5 fois dans sa vie pour lui voler son lait (on tue son bébé pour le manger à la crème…), est abattue après 6 ou 7 années de dur labeur pour devenir du steak haché de cantine. Est-ce cruel ou non ? Comprend-on la souffrance de cette maman mammifère à qui l’on retire son veau pour produire des yaourts, du beurre et du fromage (qui sont, au passage, des poisons pour notre santé…) ? Est-ce normal ? L’argument de la tradition et des habitudes fait offense à notre intelligence et notre créativité humaine. Nous asséner que depuis 12 000 ans, on mange de la viande et on boit du lait, est insuffisant (et partiellement faux). Ce n’est pas parce que nous sommes opportunistes et cruels depuis 12 000 ans (nous avions sûrement des raisons de l’être, il n’est pas question de dire ici que c’était « mal »), que nous devons continuer à l’être. Notre but ne serait-il pas d’évoluer, de grandir, de nous élever ? Je pense qu’évoluer sans conscience et sans cœur, ne serait que ruine de l’âme mais également ruine de notre santé et de l’environnement…
Car si nous parlons de cœur avant tout, nous parlons aussi de politique, d’économie, d’environnement et « d’efficacité » à l’échelle d’une société… Il est temps d’arrêter de prendre « l’antispécisme » et le « véganisme » pour des courants de pensée stupides et déconnectés du monde réel et de la nature…

« Le véganisme va nous sauver de la famine », ironise la tribune

Tout le monde sait que les problèmes de faim dans le monde ont des origines politiques complexes, dues à notre mode d’organisation totalement injuste. Cependant, il est intéressant de comprendre également que l’élevage utilise les deux tiers des surfaces agricoles terrestres. Quand nous voyons pousser des céréales dans les champs, il y a de grandes chances qu’elles soient destinées au bétail. Or la viande, c’est une perte de ressources énorme. Si nous utilisions la totalité de nos surfaces agricoles pour y faire pousser des légumes et des céréales à destination des êtres humains, nous pourrions en nourrir 25 milliards (c’est une expérience de pensée, nous ne disons pas que nous devons atteindre ce nombre…) Alors oui, produire végétal, c’est assurer une plus grande quantité de nourriture pour les êtres humains, et nous offrir l’opportunité de manger de meilleure qualité… Car n’oublions pas que nous n’avons plus assez de sols disponibles pour nourrir les 7 milliards de personnes actuelles, de façon qualitative. Tant que nous les utiliserons majoritairement pour le bétail, ce sera ainsi.
Rappelons aussi qu’il faut 323 mètres carrés pour obtenir 1 kilo de bœuf, alors qu’il en faut 6 pour faire pousser un kilo de légumes. Pour produire un kilo de viande, il faut entre 7 et 16 kilos de céréales. Vous imaginez-vous la perte de ressource ? Et parlons de l’eau : l’élevage utilise considérablement plus d’eau que le végétal. Notre planète est un monde écologique fini, et l’année dernière, nous estimions que le 2 août nous avions consommé tout ce que la Terre pouvait nous offrir. Or, continuer d’entretenir la folle idée que nous pouvons continuer de produire de la viande, même plus « raisonnablement », c’est nous projeter dans un mur écologique à 200 kms à l’heure, sans airbag !
Même le GIEC et la FAO expliquent que l’élevage accélère le réchauffement climatique plus que tous les transports réunis : il émet entre 16 et 18 % des gaz à effet de serre sur la planète. Et monsieur Frédéric Denhez, spécialiste du climat et co-auteur de cette tribune, ose nous dire que manger de la viande est encore acceptable ?
Faut-il rappeler également que 80 % de la déforestation amazonienne est due à l’élevage, car nous faisons pousser du soja transgénique sur des centaines de kilomètres, au mépris de la forêt primaire et des paysans locaux ? Des céréales pleines de pesticides qui sont ensuite envoyées dans nos pays occidentaux, pour nourrir nos bêtes à steaks, à bacon et à nuggets…
Quant au lisier évoqué dans cet article, parlons-en : nous croulons littéralement sous la merde des animaux ! Nos terres ne les digèrent plus ! Nos animaux d’élevage produisent 13 milliards de tonnes d’excréments, chaque année sur la planète (300 millions rien qu’en France) ! Nos champs débordent d’excréments ! Les nappes phréatiques sont polluées, ainsi que les rivières et nombre d’estuaires (rappelons les célèbres « algues vertes » en Bretagne). Madame Jocelyne Porcher, co-auteure de cette tribune anti-végane, est une ancienne éleveuse de brebis dans le Sud-Ouest, partie ensuite travailler en Bretagne dans un centre de production porcine. Elle devrait connaitre le problème. À moins qu’elle ne rencontre trop de conflits d’intérêts, pour aborder sereinement le sujet ; il est vrai qu’elle est chercheuse à l’INRA…
L’élevage est une calamité pour l’environnement et les écosystèmes. Nous avons tout ravagé, et continuons de le faire. Rappelons quand même qu’un végétalien en 4X4 pollue moins qu’un mangeur de viande à vélo… Le végétal a de nombreux avantages écologiques. Des cultures extrêmement réussies naissent chaque jour, de façon pacifique pour l’environnement. Nous savons le faire. De nombreuses méthodes, telle que la permaculture, permettent de produire autrement. Ce ne sont pas les idées qui manquent : mais bel et bien la volonté de changer. Les vieilles habitudes, les lobbies, et le pouvoir de nos papilles gustatives ont la peau dure, n’est-ce pas ?

« Les théoriciens et militants végans ne sont pas des révolutionnaires, ils sont, au contraire, clairement les idiots utiles du capitalisme. »

Ce n’est pas en méprisant les idées nouvelles, que nous pourrons avancer. Notre rapport avec les animaux et la nature est une grande clé, si nous voulons dépasser ce capitalisme sauvage qui ravage notre Planète. Beaucoup de « végans » le savent. Analyser et comprendre notre système économique et politique, dont les moyens de production appartiennent à quelques entreprises privées (broyant au passage les travailleur-euses, ainsi que les animaux et les écosystèmes), est primordial, nous sommes d’accord. Ce système capitaliste actuel exploite tout le vivant, nous y compris. Cependant beaucoup de luttes peuvent être convergentes. Dépasser la « machine », nous élever contre l’oppression généralisée en ayant une compréhension globale n’exclut aucunement d’épargner les animaux. Au contraire, Léon Tosltoï ne disait-il pas : « Tant qu’il y aura des abattoirs, il y aura des champs de bataille » ? Notre violence envers les animaux non-humains ne nous encourage pas à faire la paix entre nous, êtres humains. Ajoutons que travailler dans un abattoir toute la journée est d’une violence sans nom. Le feraient-ils, les trois signataires de cette tribune ? J’aimerais le savoir. Enverraient-ils leurs propres enfants travailler à 16 ans dans ces endroits sordides, pour tuer 1 vache par minute, 1 cochon toutes les 20 secondes, afin de nourrir toute la population friande de protéines animales ? J’aimerais aussi le savoir. Ôter la vie n’est pas anodin : nous ne devrions pas demander à d’autres de tuer toute la journée, pour une raison aussi futile que la satisfaction de nos papilles gustatives. Tant que nous n’élèverons pas notre sensibilité et notre niveau de compassion (c’est-à-dire notre compréhension de ce monde qui est UN), nous n’avancerons pas politiquement, et resterons prostrés dans de vieilles idées de rapports de force, entre classes sociales humaines. Il est temps d’élever notre niveau de conscience, en intégrant notre rapport avec les animaux dans nos idées politiques et nos perspectives de développement.

Les végans contre les agriculteurs ?

En lisant cette tribune, on pourrait croire que les végans sont toujours « contre », et non « pour ». Or, ils sont majoritairement « pour » la paix. Et non contre telle ou telle catégorie sociale. Peu d’entre nous agissons « contre » les agriculteurs. Nous avons besoin d’eux. Ils sont oppressés eux aussi, par les grands groupes qui les asphyxient. Les producteurs de lait ou de viande sont quotidiennement oppressés par des groupes de transformation ou de distribution générant des milliards sur leur dos, et sur le dos des animaux. C’est ce système qu’il faut remettre en question. Nous avons besoin de nos agriculteurs. Certains d’entre eux (de plus en plus fréquemment), transforment leur métier, en cessant d’exploiter les animaux. Ils ont tout à y gagner, à terme. Mais nous devrons obtenir de nouvelles choses, à l’avenir, pour dépasser cette machine capitaliste qui broie tout le monde. Nous voulons plus d’humanité. Remettre l’humain et tout le vivant, ensemble, au centre du jeu. Il serait malhonnête d’opposer les « végans » aux petits producteurs, qui sont les victimes, eux aussi, d’un système broyant sans vergogne l’ensemble du vivant…
Nous sommes d’accord pour dire qu’il faut sortir du système industriel. Mais pourquoi ne pas débattre sereinement de l’idée que les animaux ne doivent pas nécessairement être à notre disposition ? C’est un point de vue dogmatique que de croire qu’ils sont là pour nous, au bon gré de notre appétit : je t’aime et je te mange à la fois, voilà notre folie actuelle. Nous n’avons jamais autant aimé les animaux : nous dépensons des fortunes pour eux quand ils sont « de compagnie ». Mais on les égorge sans sourciller, quand on a envie d’en faire des brochettes. Pourquoi la remise en question d’un tel comportement, schizophrénique s’il en est, met-il si mal à l’aise ? Pourquoi passerions-nous, nous les « végans », pour des fous ou des dictateurs ? Parce que nous nous mettons à la place de l’animal qui ne veut pas finir sous le coup de couteau d’un boucher ? Le débat devrait être pris au sérieux, car il s’agit peut-être d’une grande avancée morale et philosophique pour les êtres humains. C’est une première : nous sommes prêts à agir et penser avec bienveillance et respect, sans nous mettre au centre du monde, nous et notre estomac. Cela ne doit pas nous faire peur. Au contraire. Ce débat de société doit exister, sans être balayé d’un revers de main par une chercheuse à l’INRA ou un amateur de foie gras poêlé. Nous valons plus que ça. Et le sort de l’humanité en dépend. Nous avons des choix cruciaux à faire.

LA SANTÉ – De graves remises en question

Je vous encourage à lire quelques livres relatant de nombreuses études, concernant l’alimentation et la santé. « Comment ne pas mourir » du docteur Greger, par exemple. Ou « le rapport Campbell »… Ou bien encore les livres de Thierry Souccar. Ils vous aideront à comprendre que l’alimentation est notre première médecine… Apprenez que vous ne guérirez jamais d’aucune maladie en mangeant des charcuteries, de la viande (c’est-à-dire des cadavres d’animaux), ou des produits laitiers. Au contraire, ce sont les végétaux (bios, naturels et vivants) qui nous donnent la santé et la force. Faut-il encore le prouver ? Est-ce la mauvaise foi ou l’inculture qui conduit certains à asséner le contraire ? Remettre ainsi en question le travail passionné d’acteurs alternatifs de la santé est dommageable. Je veux parler de ceux qui vont à l’opposé des lobbies agroalimentaires et pharmaceutiques ! Il ne faut pas se laisser piéger. « Nous sommes ce que nous mangeons ». Manger végétal, bio et vivant, c’est se donner des chances plus importantes de vivre dans un corps (et un esprit) sain, avec une plus grande longévité. Découvrez les expériences de Gerson-Kelley, ou bien encore le travail de naturopathes tels qu’Irène Grosjean. Vous comprendrez que manger des animaux, des produits laitiers et des produits transformés est ce qui crée ou favorise bon nombre de nos maladies modernes : cancers, maladies cardiovasculaires, obésité, cholestérol, diabète type 2…et même les allergies, l’asthme, les rhumatismes, l’ostéoporose, les arthroses, des maladies de peau et divers problèmes ORL… Regardez des documentaires comme « la santé dans l’assiette » ou « What the Health » (2017), et surtout n’oubliez pas d’expérimenter par vous-même : c’est votre corps qui vous apportera VOTRE vérité. Ne croyez pas un ingénieur de l’INRA, ni un médecin formaté par l’industrie pharmaceutique, n’ayant jamais reçu un seul cours de santé par l’alimentation ! Même le professeur chirurgien cancérologue Henri Joyeux, qui n’est pas végan, explique très bien le rapport entre notre alimentation carnée et les cancers. Il faut sortir des sentiers battus, qui ne servent que les industries recherchant le profit. Nous sommes aujourd’hui des consommateurs-esclaves, qui ont le devoir de dépasser les conventions et les habitudes.
« Il est probable que les animaux de rente ne demandent pas à être « libérés ». Ils ne demandent pas à retourner à la sauvagerie ».
Le débat se situe-il ici ? Devons-nous poser la question aux animaux de rente s’ils veulent être libérés ? C’est un raisonnement simpliste, nous tirant tous vers le bas. La réalité actuelle est que les animaux souffrent et ne veulent pas mourir. À en croire l’ONU, nous serons 10 milliards d’êtres humains sur Terre en 2050. Si nous voulons continuer de manger les animaux, même en petite quantité, nous ne pourrons plus jamais nous passer d’un système industrialisé. Poser le débat en ces termes est donc biaisé. Jamais nous ne reviendrons à de petits pâturages, avec quelques bêtes paissant tranquillement entre deux clochers, sous le chant bucolique de quelques coqs heureux. Nous avons détruit nos écosystèmes : plus de 80 % des populations d’animaux sauvages ont disparu (WWF)… Nous avons envahi la planète : aujourd’hui nous représentons, nous et « notre bétail », 97 % de la masse des vertébrés terrestres ! Nos pauvres animaux « à viande » ne demandent ni à être libérer, ni à retourner à l’état sauvage. Ils ne demandent rien : ils veulent seulement vivre et ne pas souffrir. C’est avec nous-mêmes que nous avons rendez-vous au 21ème siècle, pas avec les animaux. Ceux-ci sont enchainés, à notre merci.

Continuer de manger des animaux pour conserver nos paysages ?

Faut-il vraiment argumenter concernant nos paysages ? Continuer de tuer des animaux innocents, en polluant nos sols et en nous rendant malades, pour sauvegarder nos paysages… ? Est-ce sérieux ? Les vrais beaux paysages, pleins de forêts et de champs de fleurs, nous les verrons foisonner quand les prairies voudront bien leur laisser un peu de place!
Il est temps de retrouver la raison pour redéfinir nos priorités ; il est temps de décider ce que nous voulons faire de notre planète et de notre espèce…
Écrit par Guillaume Corpard, le 19 mars 2018 – Président de l’association “Happy Earth NOW” et auteur du livre « Un Cri pour la Terre – Animaux, Santé, Alimentation, Planète »
Réponse à la tribune signée Frédéric Denhez, Jocelyne Porcher et Paul Ariès (Libération – le 18 mars 2018) : http://www.liberation.fr/debats/2018/03/18/pourquoi-les-vegans-ont-tout-faux_1637109